[ ] - LA "SIGMUND FREUD UNIVERSITÉ" FACE AUX INTERROGATIONS DE PSYCHOTHÉRAPIE VIGILANCE




«Les étudiants auront l’obligation d’entreprendre un travail personnel
sur eux-mêmes, à savoir donc de faire une thérapie. Curieux, car si notre interprétation est exacte, cela revient à dire que tout étudiant est considéré d’emblée comme souffrant d’une pathologie nécessitant la délivrance de soins psychiques. 
Mais il est vrai que pour certaines organisations de psychothérapeutes «ni-ni», 
c’est-à-dire ni médecins ni psychologues cliniciens,
«tout le monde a besoin d’une psychothérapie».


L’article 52 destiné à réglementer l’usage du titre de psychothérapeute promulgué en août 2004
[1], son décret d’application et l’arrêté en cours de rédaction, avaient pour finalité de permettre à toute une frange de la population exerçant la psychothérapie de s’interroger sur le processus qu’elle avait développé. Ce faisant, l’article a fait émerger symboliquement une limite posée par l’Etat mais qui, de toute évidence, semble difficile à comprendre et à intégrer par ceux qu’elle concerne en priorité comme tend à le prouver la mise en vedette, par divers canaux publicitaires, de l’ouverture prochaine à Paris d’une «branche» de la Sigmund Freud University [2], qui se présente ni plus ni moins comme «la première université de psychothérapie au monde» dont le siège se trouve en Autriche.

Psychothérapie Vigilance [3] ne peut que s’interroger sur l’apparition de cette étrange nouveauté dans le paysage français dans la mesure où cet Etablissement Privé d'Enseignement Supérieur, dont Alfred Pritz, le Recteur de la SFU-Vienne est aussi président du curieux et pompeux «Conseil Mondial de la Psychothérapie», indique par la bouche de Nicole Aknin, sa directrice, que les «étudiants obtiendront un diplôme français d'Enseignement Supérieur 1er cycle, 2ème cycle et cycle "recherche"; avec des équivalences européennes», en d’autres termes des LMD (licence, master et doctorat en psychothérapie).

L’examen du site qui en fait la promotion ou propagande révèle que ladite université «mondiale», reconnue sur le plan international par elle-même, est ouverte à tout bachelier, en précisant que «les programmes académiques sont basés sur les exigences formulées par la loi autrichienne sur la psychothérapie et donnant lieu à un diplôme européen reconnu» [4] Y est indiqué également que les étudiants auront l’obligation d’entreprendre un travail personnel sur eux-mêmes, à savoir donc de faire une thérapie. Curieux, car si notre interprétation est exacte, cela revient à dire que tout étudiant est considéré d’emblée comme souffrant d’une pathologie nécessitant la délivrance de soins psychiques. Mais il est vrai que pour certaines organisations de psychothérapeutes «ni-ni», c’est-à-dire ni médecins ni psychologues cliniciens, «tout le monde a besoin d’une psychothérapie».

Curieux et inadmissible, pour ne pas dire scandaleux: qui peut imposer une telle obligation, a fortiori dans un cursus présenté comme universitaire ? Par ailleurs, comme dirait Monsieur de la Palisse, ce qui est obligatoire ne découle plus d’une démarche volontaire. A supposer que l’étudiant ait besoin d’une psychothérapie, cela relève de sa propre initiative et de sa propre intention. C’est un acte privé, qui ne regarde que lui, dans une relation de confidentialité et de «neutralité bienveillante» avec son thérapeute. Le patient ou supposé tel n’a pas à rendre compte à qui que ce soit et, par ce biais, à dispenser des informations basiques, relevant du soin médical ou psychique, à des formateurs.

Par quelle aberration de l’esprit peut-on obliger un étudiant à faire un travail sur soi, à «s’introspecter», pour suivre un cursus et obtenir un diplôme soi-disant reconnu? Que devient l’autonomie du sujet? Par ailleurs, pour en avoir observé les effets, tout professionnel sait que les «injonctions de soins» ne garantissent rien, en raison de l’exacerbation des résistances et des mécanismes défensifs qui encombrent le processus. (...)

Pour lire la suite: http://www.psyvig.com//doc/doc_197.pdf