GUY ROUQUET S'ENTRETIENT AVEC BULLES (UNADFI) SUR LE CHAMANISME TRADITIONNEL ET LE NÉOCHAMANISME CONTEMPORAIN
SOMMAIRE 1. Le chamanisme traditionnel. 2. Le chamanisme est-il une médecine. 3. Le néochamanisme contemporain.
LE CHAMANISME TRADITIONNEL *
Le chamanisme est à la mode. Des émissions ou publications de toutes sortes ne cessent de l’évoquer, répondant à une demande croissante qu’elles n’en finissent pas d’alimenter d’ailleurs. Des stages fleurissent un peu partout, en pleine ville, à la campagne, au pied d’une cascade perdue dans une forêt bien de chez nous. Dans le cadre d’ateliers, avec cérémonie ritualisée à la clé et offres de «voyages initiatiques» dans un lointain pays, caractérisés par des séjours à la dure ou dans des centres tout confort. Mieux, des formations de chamans sont organisées, y compris à l’intention d’indigènes incités à renouer avec leur passé et leurs traditions perdues, par des occidentaux se disant «missionnés» ou avertis en la matière. Dans son rapport annuel publié en 2010, la MIVILUDES est venue accompagner les interrogations des associations au service des victimes, dont Psychothérapie Vigilance qui, voici dix ans, s’est édifiée sur la découverte d’un réseau international de thérapeutes combinant des psychotechniques hautement manipulatoires, de puissantes drogues hallucinogènes, des séminaires psycho-spirituels et des cérémonies syncrétiques associant le catholicisme et le chamanisme amazonien pour mieux mettre sous emprise leurs «patients». L’engouement pour le phénomène étant appelé à perdurer, BULLES a souhaité rencontrer Guy Rouquet, président de l’association (1).
BULLES. Pouvez-vous nous préciser tout d’abord ce qu’est le chamanisme?
Guy ROUQUET.Le définir relève de la mission impossible. Beaucoup s’y sont appliqués en contestant les formulations données depuis l’introduction du terme dans le Dictionnaire de l’Académie Française au 19ème siècle (2) et, surtout depuis les années 60, quand l’émergence de la contre-culture américaine et l’essor du New Age sont venus brouiller les repères. Une grande confusion en résulte, entretenue par des structures marchandes ou militantes. En effet, le chamanisme désigne aujourd’hui des comportements n’ayant parfois que très peu de rapports entre eux. Pour l’anthropologue Philippe Laugrand, dont la réflexion s’inscrit dans le prolongement de celle de Roberte Hamayon, «cette notion est en fait une construction de l’Occident, dont le contenu n’a pas cessé de varier». (3)
B. Pourquoi?
G.R. En raison de l’extension et de l’application du mot même de chaman à des personnages n’évoluant pas en Sibérie orientale, au sein des groupes d’éleveurs et de chasseurs qui continuent de la caractériser en dépit de leur diminution sensible. (...)
Pour lire la suite: http://www.psyvig.com/doc/doc_2.pdf
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