GUY ROUQUET : LES NOUVELLES DÉRIVES SECTAIRES DE LA PSYCHOTHÉRAPIE
Propos recueillis par Justine CANNONE
Rédaction du site d’actualités Le Cercle Psy, dédié à la psychologie, attaché à la revue Sciences Humaines.
Paris, le 14 avril 2010
Le dernier rapport de la Miviludes (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires) met en garde contre certaines pratiques de néochamanisme, qui se présentent comme des psychothérapies mais constituent parfois une entreprise de déstabilisation et de manipulation des néophytes. Qu'est-ce que le néochamanisme? En quoi diffère-t-il du chamanisme traditionnel? Quand peut-il devenir dangereux? Le Cercle Psy a interrogé Guy Rouquet, président de l'association Psychothérapie Vigilance.
En 2010, la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) consacre une partie de son rapport annuel au phénomène du néochamanisme. Guy Rouquet, président de l’association Psychothérapie Vigilance, collaborant régulièrement avec la Miviludes, revient sur les dérives liées à de telles pratiques.
Avant d’aborder le néochamanisme, et afin d’éviter toute confusion, pourriez-vous définir le chamanisme traditionnel ?
Le chamanisme traditionnel ou ancestral est pratiqué dans des communautés autochtones quasiment coupées du monde moderne. Ces groupes, tribus ou peuplades, que l'on peut retrouver en Sibérie, en Afrique subsaharienne ou en Amazonie par exemple, ne vivent pas dans le même temps et univers que nous, Occidentaux. Dans la seule Amazonie brésilienne, on compte environ 650000 indigènes répartis en 220 ethnies, parlant 180 langues différentes, chaque langue ayant «un système structuré de connaissances médicinales» qui explique «comment apparaissent les maladies et ce qu’il faut faire pour les guérir, bien souvent en ayant recours à l’intervention des pajés (chamans) et à l’emploi de plantes». Il me semble important d’apporter ces précisions. Ces communautés sont jalouses de leur liberté, de leur culture, de leur mode de vie, de leur savoir comme de leur sagesse, pour des raisons multiples : en raison de leur isolement géographique mais aussi de leur histoire, très souvent par défiance de «l’homme blanc» qui, en voulant les coloniser, les a persécutées. Cela dit, Le «chaman» est un personnage très ambigu : en Afrique par exemple, on parle plutôt de sorcier que de chaman. Si le terme de chaman est souvent employé pour le continent américain, les communautés concernées utilisent elles-mêmes d’autres mots. (...)
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