[ ] - "VOUS SOUFFREZ ? N’EN PARLEZ SURTOUT PAS À UN PSY !" (Marc PITZKE)




VOUS SOUFFREZ ? N’EN PARLEZ SURTOUT PAS A UN PSY !

par Marc PITZKE *


"Pour panser les blessures de l'âme, rien de tel que se taire, oublier, refoule
affirme le psychologue new-yorkais George Bonanno. Sa thèse,
étayée par des dizaines d'études, bouleverse la doctrine en vigueur depuis Freud
et menace la très lucrative « industrie du traumatisme»


DE NEW YORK -
Le 11 septembre 2001, George Bonanno grimpa sur le toit de l'université Columbia. Le campus se trouve sur une colline au nord de Manhattan, et l'on voyait très bien le World Trade Center. Clignant des yeux à cause du soleil, ce professeur de psychologie regarda les tours d'acier brûler, puis un nuage de poussière engloutir le centre de Manhattan. Quand tout fut terminé, il redescendit du toit et prit un film à la vidéothèque. "Une comédie, précise-t-il, un truc pour rigoler, pas de sang."

   George Bonanno vit selon ses propres théories. Cet artiste du refoulement ne s'arrête pas longtemps sur les choses désagréables de la vie. "Je ris beaucoup, confie-t-il. J'aime me distraire. Et après, je fais tout simplement abstraction du monde. Les merdes, ça arrive, c'est comme ça. Alors pourquoi en faire tout un cirque ?" Et il vous fixe de ses grands yeux candides comme s'il avait trouvé la clé du paradis.

   C'est peut-être le cas d'ailleurs, car George Bonanno, maître de conférences au Teachers College de l'université Columbia et psychothérapeute expérimenté, pense avoir percé le secret du bonheur durable. Enfin, plus exactement, le secret qui permet d'échapper au cafard malgré les malheurs, la poisse, la souffrance, les coups bas et les retours de bâton, et de conserver son équilibre affectif en dépit des traumatismes que la vie nous inflige. Et tout ça, sans thérapie ruineuse, sans travail "guidé" sur le passé, sans revivre encore et toujours ses vieux drames sur le canapé des plombiers de l'âme. Au contraire. La guérison, selon Bonanno, passe plutôt par la stratégie inverse : taire, oublier, refouler. Fuir en avant, réprimer plutôt que déprimer.

   La thèse est audacieuse, mais elle s'appuie sur des dizaines d'études. Reste qu'il est difficile de nager à contre-courant dans un pays où la psychothérapie est un sport national - et depuis bien avant le 11 septembre. Dans un pays où les souffrances psychologiques de millions de patients ont fait la fortune d'une industrie qui pèse des milliards de dollars - psys, pharmaciens et experts télévisuels - et font vivre d'innombrables centres de rééducation, groupes de soutien et services d'écoute téléphonique. (...) 

Pour lire la suite : http://www.psyvig.com//doc/doc_121.pdf