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LA QUESTION À SE POSER APRÈS L'AFFAIRE D'OUTREAU : UN "PSY" EXPERT DEVANT LES TRIBUNAUX PEUT-IL SE TROMPER?



«L’affaire d’Outreau a démontré que des convictions d’«experts» ont conduit 
douze enfants à la ‘reviviscence visuelle, kinesthésique, auditive (…)’ 
de traumatismes sexuels qu’ils n’avaient pas vécus et que des théories
psychanalytiques sexualisant tout à outrance ont servi à accréditer
ou cautionner aveuglément des accusations mensongères scandaleuses 
qui ont détruit des vies et des familles.»

Certains «psys» considèrent que nombre de jeunes femmes qui viennent les consulter ont été victimes de traumatismes dans leur enfance, mais qu’elles ne le savent pas, et que cette ignorance fonde leur mal-être. Aussi se fixent-ils pour objectif prioritaire, pour ne pas dire exclusif, de retrouver les souvenirs refoulés de leurs clientes aux seules fins de leur en faire découvrir la cause et l’accepter.

La patiente qui commence sa thérapie en ignorant l’origine de son mal-être est invitée à «ouvrir les portes de son inconscient». Le psychanalyste écoute, guide, note et approuve ce qui peut aller dans le sens de ses convictions. C’est ainsi qu’il arrive que l’interprétation d’un rêve résulte de ce qu’il a transféré à sa patiente, la conduisant à s’apercevoir qu’elle a été victime de situations incestuelles ou incestueuses.

Ces «psys», dogmatiques et souvent imbus d’eux-mêmes, sont convaincus que ces souvenirs refoulés, jusque-là ignorés mais soudainement retrouvés, forment les racines inconscientes mais effectives du mal-être de leurs clients, dans une très large majorité des patientes d’ailleurs. Et ces dernières, désormais persuadées de connaître la cause de leur problème, refusent tout dialogue avec qui doute de cette révélation. Révélation en principe libératrice mais de fait aliénante et pernicieuse puisqu’elle conduit la patiente à s’abîmer de dérive en dérive (psychologique, familiale, sociale, professionnelle…).

Les préjudices causés par de pareils professionnels, en principe avertis et parfois investis d’importantes responsabilités, ont été bien mis en relief dans l’affaire d’Outreau. Les comptes rendus et le rapport de la Commission Parlementaire de l’affaire Judiciaire d’Outreau sont éloquents:
-Mme Marie-Christine Gryson- Dejehansart, psychologue, chargée de l’expertise des seize mineurs présumés victimes a déclaré: «Il y avait reviviscence visuelle, kinesthésique, auditive, avec cohérence, enchâssement contextuel, évocation des états psychologiques, évocation des spécificités des actes sans comprendre la finalité, interaction sexuelles, détails périphériques» lors de leur récit de scène traumatique, et ajouté ceci: «Un enfant qui revit une scène traumatique ne peut pas fabuler ,…..S’il y a reviviscence d’une scène traumatique, c’est un indice de validité extraordinaire»Or il sera établi ultérieurement que douze mineurs avaient été conduits à revivre des traumatismes qu’ils n’avaient pas vécus…

Mme Christine Condamin-Pouvelle, psychanalyste, Maître de conférences à l’Université d’Amiens, experte près la Cour d’appel de Douai, chargée de «déterminer» si les enfants d’Outreau «présentaient un traumatisme psychique en lien avec une agression de nature sexuelle», a confirmé l’existence de traumatismes sexuels. Cependant, lors du procès en appel, à l’occasion de la remise de ses conclusions concernant l’un des garçons accusateurs, cette supposée experte en détection d’abus sexuels à enfants a été contestée par l’Avocat Général. Ce qui ne l’a pas démontée pour autant. Elle a réagi de manière très vive en déclarant : «L’enfant projette son vécu intrapsychique dans ses textes (…..) J’ai une expérience de plus de 25 ans. Je pense que tout cela est très sérieux». Or le mineur accusateur reconnaîtra plus tard avoir menti, ruinant du même coup les affirmations catégoriques de ladite experte, pourtant connue pour certaines de ses publications.

L’affaire d’Outreau a démontré que des convictions d’«experts» ont conduit douze enfants à la «reviviscence visuelle, kinesthésique, auditive (…)» de traumatismes sexuels qu’ils n’avaient pas vécus et que des théories psychanalytiques sexualisant tout à outrance ont servi à garantir ou cautionner aveuglément des accusations mensongères scandaleuses qui ont détruit des vies et des familles.

Lors du procès en appel, l’Avocat Général a mis sur la sellette les théories sexualisant tout à outrance et posera cette question: «Lorsqu’on prend un enfant de la main par le coude, est ce que c’est un geste sexuel?»

En épilogue de la tragédie d’Outreau, le médecin-psychiatre Paul Bensoussan a prononcé devant la Cour des paroles pertinentes et responsables, empreintes d’une grande humanité: «Un procès d’assises, c’est perturbant. Mais ce qui est encore plus perturbant c’est de faire grandir un enfant dans le statut de victime qu’il n’a pas été. Pour les accusés cela peut se compter en années de prisonL’enfant lui prend perpétuité», «dans ce domaine, le doute est une qualité professionnelle». (1)

      *       

Les dérives démontrées par l’affaire d’Outreau permettent de saisir les dérives compassionnelles, voire idéologiquement militantes se jouant dans l’intimité des cabinets de consultations de professionnels convaincus de postulats psychanalytiques présentant tout être humain en victime de ses parents et de sa famille. Les dégâts sont toujours considérables, en particulier pour les patientes les plus jeunes.

Persuadée de détenir la vérité, le ou la «psy» met en cause la famille, et l’origine de son mal-être lui ayant été révélé, la jeune femme part à la dérive sur tous les plans… Elle s’éloigne des siens, abandonne ses études, son activité professionnelle, se marginalise, accumulant les avatars qu’elle est tenue de dissimuler. Seul son« psy», à l’origine de son errance, est habilité à intervenir dans la réalité pour la secourir et la consoler.

Le «psy» tente par toutes sortes de moyens d’obtenir confirmation de ses hypothèses. La jeune femme est conduite à exiger que sa mère quitte son père si ses parents restent unis, elle demande une lettre d’excuses valant reconnaissance, qui est destinée à couvrir ou dédouaner sa psychanalyste en cas de retournement de situation.

Quand les parents tentent d’ouvrir les yeux de leur enfant, le «psy» intervient aussitôt auprès d’elle en l’enjoignant, pour son intérêt supposé, pour «se préserver», de s’éloigner sans plus tarder de sa «famille trangénérationnellement malade» (sic) et, pour faire bonne mesure, pour ne pas courir le risque de renouer des liens familiaux, de rétablir un dialogue avec les siens qui pourrait conduire à démasquer le «psy» pervers, de ne solliciter ni d’accepter la moindre aide matérielle en provenance de ses parents ou de sa famille. Et c’est ainsi que pour soi-disant «préserver leur amour propre » (sic), certaines jeunes femmes sont conduites à frauder…

Pour que ce triste tableau soit complet, le médecin de famille ou ceux qui la connaissant pour l’avoir eue en consultation avant sa thérapie, et qui donc pourraient la sortir de l’état de torpeur dans lequel elle se trouve maintenue, sont eux aussi discrédités. Tout dialogue avec les praticiens est rendu impossible.

De même, quand le «psy» apprend que des éléments pouvant montrer ses agissements sont découverts par un tiers, la jeune femme est enjointe à rompre sans délai avec lui.

Les «psys» se livrant à de pareils agissements les nient toujours lorsqu’ils sont percés à jour. Pour autant seraient-ils disposés à se soumettre librement à la «détection de l’activité mentale de mentir» (2) auprès de neuroscientifiques ayant constaté que cette activité est objectivable en IRM (Imagerie par résonance magnétique)?

Tout patient ou demandeur de soins se doit d’être extrêmement prudent quand le «thérapeute» l’incite à rompre avec sa famille. Malheureusement la jeune patiente sous influence et sous emprise, littéralement subjuguée et endoctrinée, se trouve dans l’incapacité de s’interroger sur son «psy» auquel elle voue une confiance aveugle, à l’instar de l’adepte du gourou d’une secte.

Aussi toute famille qui s’interroge sur personnalité du «psy» qui cherche à s’immiscer dans son mode de vie, et dont la psychothérapie de l’un de ses membres se traduit par une rupture brutale avec le milieu d’origine (parents, amis, médecins…), avec impossibilité pour elle d’obtenir des explications pertinentes, doit demander conseil à une association en mesure de l’aider à en discerner les causes, les raisons et les éventuelles connotations sectaires (CCMM, UNADFI, GEMPPI, AFSI, CIPPAD, PYCHOTHERAPIE VIGILANCE).

(1)  1. cf. notamment le rapport de la Commission Parlementaire relatif à l’affaire d’Outreau (site de l’Assemblée Nationale) et les articles du Monde du 18 novembre 2005.

(2)   2. «L’activité mentale de mentir» est une expression du Docteur Angela Sirigu, Directeur de recherche au CNRS, responsable de l’équipe Neuropsychologie de l'action à l’Institut des sciences cognitives de Lyon. Avec son équipe de Neuropsychologie, elle a mis en évidence que «l’activité mentale de mentirinduit des modifications de l’activité du cerveau observables par IRM».

* Texte inédit de Psychothérapie Vigilance, en ligne depuis le 30 juillet 2008.


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