[ ] - LE REPARENTAGE, TECHNIQUE DE RÉGRESSION PRÔNÉE PAR DES ANALYSTES TRANSACTIONNELS, EST-IL THÉRAPEUTIQUE ?




LE REPARENTAGE, TECHNIQUE DE RÉGRESSION
PRÔNÉE PAR DES ANALYSTES TRANSACTIONNELS,
EST-IL THÉRAPEUTIQUE ?

par Martine MAURER

« Le patient joue comme un bébé, perdant progressivement son statut d’adulte et de personne différenciée. Le reparentage a fait l’objet de plusieurs plaintes aux États-Unis »

Le reparentage est une technique qui a été importée des États-Unis et qui est présentée comme étant thérapeutique. Dans sa définition la plus pure, cette technique est basée sur le concept suivant : il s’agit d’une personne se disant thérapeute qui s’institue parent de remplacement du patient. Cette méthode a été développée par Morris et Jacqui Schiff (source : Les classiques en analyse transactionnelle, volume 2 Ed. CFIP) et est diffusée et enseignée par des analystes transactionnels. On peut lire dans l’article qui présente le reparentage: «On demande aux parents naturels, s’ils sont en relation avec le patient, de confier le jeune homme ou le jeune fille à la nouvelle famille». Nous voyons que cette méthode est basée sur un fantasme : le cadre de soin deviendrait « une nouvelle famille » dans lequel le patient pourrait régresser, c'est-à-dire revenir à des étapes antérieures de son développement. Le reparentage a fait l’objet de plusieurs plaintes aux Etats-Unis ; on peut en trouver le résumé dans un article des actualités en analyse transactionnelle (Alan Jacobs, AAT 1994).

   « En 1974, Jacqui Schiff (analyste transactionnel thérapeute) et son fils adopté Aaron ont reçu le prix Eric Berne, la plus haute distinction d’ITAA (association internationale d’analyse transactionnelle). En 1971, Jacqui Schiff est condamnée pour coups et blessures sur plainte d’un patient dans l’état de Virginie : le dossier est annulé pour défaut de procédure au niveau des mandats, mais le tribunal formule une interdiction permanente d’installer un établissement de reparentage dans cet état… En 1973, Aaron Schiff plaide coupable d’homicide involontaire lors du décès d’un patient placé sous sa responsabilité : l’homme est mort ébouillanté accidentellement, mais en 1974, l’accusation est réduite au chef de « délit secondaire d’abus sur mineur »… Ces dernières années (1994), l’état du Missouri a enregistré quatre plaintes contre des thérapeutes et contre un centre de thérapie utilisant les techniques de reparentage… » (Alan Jacobs, AAT 1994)

   Les plaintes citées dans cet article sont Staggs contre Leymaster, plainte n° CV86-20779 (Jackson Missouri – 22 août 1986) – confidentialité requise pour les deux parties c'est-à-dire affaire traitée à huis clos. Flanders contre Matrix, plainte n° CV89-21860 (Jackson Missouri, 24 août 1989) : jugement par contumace rendu le 5 décembre 1991, confidentialité requise pour les deux parties, jugement en huis clos. Jester contre Leymaster, jugement CV 89-29236, plainte du 17 novembre 1989, renvoie des deux parties et condamnation aux débours. Michäelle contre Mid-América Treatment and Training Instit, plainte n°CV91-41113 du 19 février 1991, jugement par contumace du 17 août 1993, confidentialité requise pour les deux parties. (Source Alan Jacobs, publication Actualités en analyse transactionnelle -1994). Les tribunaux américains font état dans ces affaires «de l’usage d’instruments tels que menottes, chaise de contention, bandeaux sur les yeux et baillons, le recours à la fessée, au fouet, aux menaces à l’aide d’un couteau, à la restriction et à la privation de nourriture, aux coups et aux gifles».

   En 1985, Paris Interédition publie en France un livre de Jacqui Schiff, personne considérée par les analystes transactionnels français comme figure de référence de tout un courant articulé autour des techniques de reparentage. Dans ce livre, on peut lire notamment: « finalement je choisis de risquer une confrontation aussi bizarre qu’extrême. Aaron attaché nu, sur la chaise de contention. Je m’approchai de lui avec un grand couteau de chasse…À ma consternation, il ne me sembla le moins du monde effrayé. Peut-être voulait-il vraiment être castré… Puis je posais la lame sur ses organes génitaux…etc. » (Source Alan Jacobs, publ. AAT 1996). (...) 

Pour lire la suite: http://www.psyvig.com//doc/doc_153.pdf