CASTAÑEDA OU LA VÉRITÉ DU MENSONGE
par Edouard WAINTROP
« En 1998, ce formidable menteur qu’était Castañeda, meurt des suites d'un cancer. Le voile se déchire. L'écrivain était devenu le leader d'une organisation sectaire. »
Article intégral publié dans l’édition du journal Libération en date du jeudi 3 mars 2005 dans lequel Edouard Waintrop rend compte du livre - La Vérité du mensonge, biographie de Carlos Castañeda - de Christophe Bourseiller publié aux Editions du Rocher, dans la catégorie Essais. (1)
Bourseiller s'attaque à la biographie du faux prophète des années hippies.
Christophe Bourseiller s'est déjà intéressé dans d'autres livres aux faux messies et à Guy Debord. Il se lance ici sur les traces imprécises de Carlos Castañeda, qui tient un peu des deux, du faux prophète et de l'écrivain brillant, critique radical de nos sociétés de consommation.
C'est en 1968 que Castañeda devient célèbre en décrivant dans l'Herbe du diable et la petite fumée sa rencontre avec un sorcier indien. Ce Juan Matus posséderait le secret, mélange d'autodiscipline rigoureuse et d'usage de psychotropes naturels, du passage vers un monde parallèle, un univers spirituel débarrassé des préjugés rationnels et des limites de la perception ordinaire. C'est ce qu'attend une génération de hippies et de jeunes gens qui rejettent le cauchemar climatisé. Aux Etats-Unis, puis ailleurs dans le monde occidental, le succès est formidable. Il est également embarrassant.
Castañeda est censé être anthropologue universitaire : son livre a d'ailleurs d'abord paru à la University of California Press et sa méthode scientifique est pour le moins contestée. Il ne cache d'ailleurs pas qu'à partir d'un projet de recherche classique, il en est arrivé à l'adhésion au discours et à la personnalité de ce sorcier qui était son sujet. Certains spécialistes remarquent en outre que Don Juan, présenté par l'auteur comme yaqui, ne possède aucun caractère de ce peuple. Castañeda devra d'abord l'admettre : son maître n'est pas vraiment yaqui. Puis il reviendra sur cet aveu, avancera d'autres hypothèses, les oubliera, se coupera.
Bourseiller nous rappelle que Castañeda est un formidable menteur.(...)
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