[ ] - SECTE ET LAÏCITÉ (Jean-Pierre Jougla)




SECTE ET LAÏCITÉ


par Jean-Pierre JOUGLA

« Que des adeptes soient persuadés de la supériorité du modèle sectaire,
cela se comprend puisqu’ils vivent dans cette illusion, sous emprise
et dans la vénération d’un gourou idéalisé en dehors duquel il n’y a pas de vérité.
Mais que d’autres succombent à cette erreur par le truchement de l’assimilation abusive du concept de secte à celui de religion et d’une approche partielle
de la laïcité qui serait à sens unique et oublierait que la croyance
ne doit pas empiéter sur le politique, dépasse l’entendement. »


MIVILUDES, PARIS, 16 juin 2004

Je dois vous faire partager une réflexion associative, celle de l’UNADFI dont j’ai l’honneur d’assurer la vice-présidence. L’Union Nationale des Associations de Défense des Familles et de l’Individu est la plus ancienne et la plus importante association française. Elle a pour mission première et fondamentale d’aider les victimes de sectes (et non de lutter contre les sectes comme l’indique à tort trop souvent la presse, lutte qui à mon sens devrait relever de la compétence de l’Etat républicain quand les sectes s’attaquent à ses fondements).

Je vais m’efforcer de présenter ma réflexion à partir du point de vue associatif, tout en n’oubliant pas que je suis avant tout un professionnel du droit qui, d’une part, a eu à prendre en charge dans une pratique de terrain quotidienne depuis une trentaine d’année des victimes de sectes c'est-à-dire les victimes que représentent l’entourage d’adeptes et les ex adeptes, et qui a connu également nombre d’adeptes, d’enfants d’adeptes, de gourous et même d’enfants de gourous (ce qui n’est pas si fréquent), et qui, d’autre part, assume la responsabilité pédagogique d’un diplôme universitaire de troisième cycle pour les professionnels qui souhaitent se former à la « victimologie liée à l’emprise sectaire ».

Je commencerai par souligner trois contresens lourds de conséquences :

Le premier contresens, dont pour ma part j’ai pris conscience très tôt dans ce qui a été ma pratique d’avocat, est celui qui consiste à confondre la notion de secte moderne (notion qui apparaît au milieu du XIX° siècle et qui a été vulgarisée et « démocratisée » à partir des années 1960) avec la notion de religion, alors qu’elle relève davantage de l’expérience totalitaire moderne. (...) 

Pour lire la suite: http://www.psyvig.com//doc/doc_174.pdf