LA "MÉDECINE PSYCHÉDÉLIQUE" OU LE SYNDROME DE MERLIN
par Guy ROUQUET
Président de Psychothérapie Vigilance
« A trop vouloir écouter «l’Esprit qui anime toute forme de vie», Olivier Chambon oublie de convoquer l’esprit qui régit toute démarche scientifique moderne. »
«C’est par abus de langage, en forçant les termes, en les dénaturant à leur convenance, en fonction de leur dessein mercantile, ésotérique ou idéologique, voire tout cela en même temps, que les promoteurs et zélateurs de « l’expérience » en vantent les vertus thérapeutiques, psychiques et spirituelles.»
«L’État est dans son rôle quand il apporte son soutien moral et financier à des centres pilotes et encourage la recherche de solutions nouvelles, comme il est dans son rôle lorsqu’il retire son crédit à une entreprise qui a failli, déçu ou abusé de sa confiance.»
«Les communautés thérapeutiques et spirituelles que l’auteur désire promouvoir présentent toutes les caractéristiques de la structure sectaire, avec «embrigadement» et aliénation de l’individu.»
Sommaire
I. UNE PENSÉE SUBVERSIVE?
II. L’AYAHUASCA EST UN STUPÉFIANT: LES RAISONS D’UNE CLASSIFICATION a) Des préoccupations de santé publique. b) Des négligences indignes d’un scientifique. c) Ayahuasca, serpent et manipulations en tous genres. d) L’ayahuasca, une substance neurotoxique et «sectoïdale». e) «Une expérience chtonienne épouvantable» f) Médecine et principe de non-malfaisance.
III. LES FAITS SONT TÊTUS ET CERTAINS TRAGIQUES a) Un discours scientifique contaminé par l’idéologie. b) De la Maison qui chante à la Mission qui déchante. c) Takiwasi et la mise en garde de la MIVILUDES.
IV. UN «MÉDICAMENT DE L’ÂME» DANS LE VIDAL? a) Hallucinogènes psychédéliques et dépendance. b) La Psychiatrie Spirituelle et ses fables. c) La Psychiatrie Spirituelle et ses prétentions. d) La Psychiatrie Spirituelle et la «fonction sacerdotale» du thérapeute.
V. COMMUNAUTÉS PSYCHÉDÉLIQUES ET RISQUES SECTAIRES a) Embrigadement et aliénation. b) Une fascination pathologique et pathogène. c) Le pouvoir «dérapeutique» des hallucinogènes.
VI. NOTES ET RÉFÉRENCES
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UNE PENSÉE SUBVERSIVE ?
Dans La Médecine psychédélique, son ouvrage sous-titré « Le pouvoir thérapeutique des hallucinogènes », le Dr Olivier Chambon, médecin psychiatre, déclare vouloir « informer le grand public » sur « le potentiel extrêmement puissant » de substances dont il se targue d’avoir fait l’expérience. Pour susciter l’adhésion de son lecteur, il indique avoir rassemblé « une information sérieuse, rigoureuse et dépassionnée » sur les psychédéliques (PDL) et « confronté de nombreux points de vue, ceux de « consommateurs » comme de scientifiques et de pratiquants de différentes formes de spiritualité. »
Se présentant comme l’auteur du « premier livre, en langue française » sur le sujet, il entend ni plus ni moins « déconditionner les esprits par rapport aux décennies de méconnaissance, voire d’hystérie et de perversion » qui, selon lui, ont marqué « la société moderne », en raison des pressions diverses exercées sur le législateur par des groupements divers liés, entre autres, à « l’industrie pharmaceutique », «aux religions monothéistes », à la « pseudo-connaissance et aux graves préjugés idéologiques des professionnels de la santé », et, pour faire bonne mesure, à « une sorte de chasse aux sorcières » « menée par certaines organisations antisectes ».
L’auteur dit avoir corrigé depuis quelques années « l’image négative » qu’il avait personnellement des psychédéliques, après les avoir longtemps assimilés à des « drogues dangereuses et inutiles » suite au conditionnement subi à l’époque de sa formation, « réduite », selon lui, à une information issue de « croyances populaires ». Partant du principe qu’il n’a « jamais constaté (…) une psychose ou un trouble mental majeur » qu’il « puisse rattacher directement à la prise d’un PDL », il expose dans son livre « les arguments en faveur d’un retour contrôlé de certaines substances psychédéliques dans la médecine (LSD, psilocybine, ibogaïne, kétamine, ecstasy) ou dans des lieux de culte religieux ou ritualisés (ayahuasca, iboga, peyotl, San Pedro).
L’auteur se positionne comme un pionnier, un découvreur de continents insoupçonnés, l’auteur d’un « ouvrage subversif » en mesure « d’attirer des réactions hostiles de la part de ses confrères » qui, selon lui, ignorent les « travaux de recherche incontestables, menées dans de nombreux pays par des professeurs d‘université et des chercheurs de réputation mondiale ». Aussi son principal souci consiste-t-il à les inviter à « faire leur propre expérience » après avoir décillé leurs yeux, dont la vision est « déformée par leurs préjugés ». (...)
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