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LA RAISON SOCIALE ET LA RAISON D'ÊTRE DE PSYCHOTHÉRA...

LA RAISON SOCIALE ET LA RAISON D'ÊTRE DE PSYCHOTHÉRAPIE VIGILANCE

Elysée Monceau, secte ? : "
« Connaissez-vous le centre Elysée Monceau ? Antennes à Paris, Le Mans, Tours. Il semblerait que ce soit une secte. Or je consulte un sophrologue qui m'a été conseillé par une amie qui était suivie par un « médecin » de ce centre. Mon psychothérapeute/Sophrologue est le docteur X, d'Angers (49). » (Linhuma)"

Votre question est délicate. Il appartient à la justice de se prononcer sur le caractère sectaire d'un groupe ou d'une institution. De même, pour des raisons déontologiques et juridiques, nous ne pouvons pas dévoiler l'identité du docteur d'Angers. Cela étant, grâce au site de Matthieu Cossu (Pour ne pas se laisser piéger par les sectes : http://prevensectes.com ), nous avons eu connaissance d'un article publié dans Le Point, en date du 4 septembre 2002, intitulé Les Dérives du docteur Dietrich, signé de François Malye, Philippe Houdart et Jérôme Vincent. En voici le texte intégral également lisible à l'adresse URL suivante http://membres.lycos.fr/tussier/rev0209.htm :

L'Institut de psychosomatothérapies et de sexologie, qu'il a fondé, tient plus d'une secte que d'un lieu de soins.

« Edwige Charbonneau n'aurait jamais dû retourner voir son mari. Le 29 avril 1994, cette jolie femme de 26 ans se rend à son ancien domicile, un pavillon de la petite ville de Sainte-Maure-de-Touraine, près de Tours, pour régler avec Eric, 30 ans, les derniers détails de leur divorce.

Ce sont des amis du couple venus leur rendre une visite qui vont, dans la soirée, découvrir le drame : Edwige gît sur un lit, une balle de 22 long rifle dans la tête. A la cave, ils trouvent le corps d'Eric, pendu. Celui-ci a épargné leur fils de 4 ans, Rémy, déposé dans l'après-midi chez sa soeur. « Le docteur Dietrich n'avait de cesse de dire à Edwige qu'il fallait qu'elle se sépare de son mari. Qu'il fallait, comme nous tous, qu'elle coupe les racines avec sa famille, son passé. Il ne cessait de diaboliser Eric à ses yeux. » Henri*, ancien patient de l'Institut francophone de psychosomatothérapies et de sexologie, parle aisément des dérives qu'il a observées dans cette structure créée en 1987 à Tours par le docteur Erick Dietrich, sexologue.

Tout comme Jeanne, autre patiente, venue elle aussi se perdre dans ce que certains n'hésitent plus à qualifier de secte : « Je me souviens d'une scène incroyable où Dietrich a exigé, devant tous les patients rassemblés lors d'une séance de thérapie, qu'Edwige, en signe de séparation, brûle le tee-shirt que son mari lui avait offert. C'était très violent, très dur. »

Quand on évoque le nom de Charbonneau, le docteur Erick Dietrich, pourtant si volubile, ne répond pas immédiatement. Il feint de chercher un texte dans son ordinateur, puis fait face : « Cela me dit quelque chose. Je me souviens maintenant. Mais non, jamais je n'ai conseillé à Edwige de divorcer. Cela aurait été contraire à la déontologie médicale. » Quarante-sept ans, cheveux blonds décolorés, chaînes en or, pantalon de cuir et santiags, le docteur Dietrich reçoit dans une sorte de cagibi perdu au fond d'une minuscule impasse du 17e arrondissement. On a peine à le croire, mais on est bien au Centre Elysée Monceau, antenne parisienne de la fantastique nébuleuse de « centres de thérapies pluridisciplinaires » et autres « centres de sexologie clinique » créés par le docteur Dietrich, sa femme, Martine Joseph, et quelques amis. Mais, dans ces quelques mètres carrés en rez-de-chaussée meublés d'un bureau, d'un vieux canapé, de quelques bibelots orientaux et d'une ou deux sculptures de phallus, le sexologue Erick Dietrich est bien loin de sa splendeur passée.

Celui qui fut l'un des deux fondateurs du Syndicat national des médecins sexologues (SNMS) en 1988 connaissait, à cette époque, la gloire cathodique en apparaissant dans de nombreuses émissions télévisées pour parler de sexualité. En quelques années, Erick Dietrich va semer la panique dans la calme capitale tourangelle.

A partir de 1993, les procédures devant l'ordre des médecins se multiplient. Dix-sept au total ! Un record national. Autant de combats qu'il revendique comme des faits d'armes. « C'est simple, il représentait, à lui seul, 30 % du temps de travail du conseil départemental de l'ordre, c'était tentaculaire, explique son ancien président, le docteur Ruaux. J'ai dû recevoir au moins une vingtaine de patients qui se plaignaient de lui. Ce type a brisé des familles. »

Commerce et " compérage "

Chaque fois ou presque, le docteur Dietrich est sévèrement condamné par le conseil régional du Centre de l'ordre des médecins mais absous, en appel et contre toute attente, par le Conseil national. A Paris, les sanctions sont considérablement diminuées ou supprimées, quand elles ne sont pas amnistiées. Pourtant, le code de déontologie médicale a beaucoup souffert avec le docteur Dietrich : abus de publicité, accusation de pratiquer la médecine comme un commerce, violation du secret professionnel, dérives sectaires ou encore « compérage », c'est-à-dire le fait de profiter de sa qualité de médecin pour aiguiller ses patients vers une structure dans laquelle on a des intérêts. Car, au sein du fameux Institut francophone de psychosomatothérapies et de sexologie et de ses multiples satellites, le docteur Dietrich et ses acolytes ont découvert un filon : ils promettent à leurs patients de les former afin qu'ils deviennent eux-mêmes thérapeutes ! « Ça m'a coûté 50 000 francs de croire à tout ça, dit Jeanne. J'étais en pleine dépression. J'habite Poitiers et je faisais 200 kilomètres pour le voir une demi-heure chaque semaine. » Mieux, l'institut se lance ensuite dans la formation professionnelle, car, avec une simple inscription en préfecture, n'importe qui peut « vendre » des formations. « Certains patients étaient pris en charge par l'ANPE, dit Henri. Au début de ma formation, il y avait plutôt des gens de bon niveau, mais ensuite sont arrivés les illuminés. Des types qui parlaient de leur vie antérieure, toutes sortes de dingues. »

Exclu du Syndicat national des médecins sexologues dès 1993 pour avoir tenu un stand au Salon de l'érotisme à Paris et être apparu avec des patients dénudés dans des revues pornographiques, le docteur Dietrich multiplie aussi les plaintes contre ses confrères sexologues. En 1998, il répand sur Tours, à plusieurs dizaines de milliers d'exemplaires, un tract où il traite nommément de « pédophiles » ou de « malfrats » tous ceux, officiels ou particuliers, qui ont osé s'attaquer à lui. Mais il lui faut d'autres combats. Il va donc devenir le défenseur, en tant que « victimologue », de l'Eglise de scientologie et l'un des pourfendeurs de la Mission interministérielle de lutte contre les sectes (MILS).

On peut le comprendre : dans son rapport 2001, la MILS estime qu' « à 80 % les activités des mouvements sectaires se situent dans deux domaines encore insuffisamment encadrés par la loi : la formation continue et les pseudo-thérapies ».. En 1999, Erick Dietrich va monter le FLIP, Front de lutte contre la pédoclastie, censé mener le combat contre les pédophiles. Il s'associe alors avec Smaïn Bedrouni, ce fameux islamiste qui, après les attentats du 11 septembre, sera arrêté à Guéret, dans la Creuse, et mis en examen par le juge Jean-Paul Valat pour apologie de crimes.

Sur le site Internet du FLIP, ce dernier message : « Les institutions françaises nous ayant sans cesse harcelés [...], nous avons été obligés de demander l'asile politique à l'Emirat islamique d'Afghanistan. » Visiblement, Erick Dietrich n'a pas fait le voyage. Ce sont finalement les plaintes en diffamation et leur montant financier qui vont forcer le docteur Dietrich à se replier sur Paris. Toujours libre d'exercer la médecine. Sa folle trajectoire pourrait en fait relever du Clochemerle médical si, un soir de 1994, l'une des ses patientes, une jeune fille de 26 ans, n'avait eu la mauvaise idée d'aller revoir son mari. »