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LA RAISON SOCIALE ET LA RAISON D'ÊTRE DE PSYCHOTHÉRA...

LA RAISON SOCIALE ET LA RAISON D'ÊTRE DE PSYCHOTHÉRAPIE VIGILANCE

Thérapies de groupe? : "
«Les psychothérapies de groupe en secteur libéral présentent-elles des avantages particuliers ? » "

Pour ce type particulier de proposition, le mot d'ordre actuel est prudence. Les psychothérapies groupales impliquent une régression plus profonde que dans le contexte de la thérapie individuelle et des enjeux psychiques différents. Les transferts y sont multiples et notre position d'individu socialisé nous amène à nous mouler aux conventions préétablis par les groupes car nous avons tous en nous un fantasme d'abandon. Notre fragilité d'humain provient dans une large mesure du fait que nous éprouvons un très grand besoin d'appartenir à des groupes et d'y être reconnus comme des personnes acceptables et aimables.

Notre premier groupe d'appartenance a été notre famille. Selon ce qui s'y est joué, nous sommes plus ou moins fragiles. La situation de groupe en psychothérapie va réamorcer chez le patient des conflits anciens avec les figures parentales internalisées, des rivalités fraternelles anciennes qui vont être projetées sur les autres patients du groupe. La régression ne peut être que plus intense. C'est pourquoi il est indispensable que le praticien conduisant le groupe ait une formation solide et une excellente connaissance des processus inconscients intra-groupaux. Dans le cas contraire, le groupe va se construire sur la résistance collective et perdre sa valeur thérapeutique ; les passages à l'acte vont être fréquents sous forme d'abandon de la thérapie, de rupture, de désignation de boucs émissaires qui vont servir progressivement de déversoir aux pulsions agressives inconscientes des autre patients et parfois de l'animateur.

Tous ces phénomènes se déploient lorsque l'animateur est insuffisamment adroit ou prêt à pouvoir gérer ses propres mouvements inconscients. A l'inverse, le groupe peut aussi se développer autour de l'image idéalisée de cet animateur, souvent un faux thérapeute en pareil cas. Le faux thérapeute devient une sorte de "bonne mère" comblante qu'il faut combler. Ses idées sont appelées à devenir celles des patients. Ce qu'il dit et fait devient ce qu'il faut modéliser. Ce faux thérapeute est très proche, très agréable et satisfait chacun. Il peut alterner satisfaction, confrontation et influence. Dans un tel processus, on est bien évidemment dans l'amorce de constitution d'un groupe sectaire. La situation groupale majore ce risque de déviance.

L'aspect financier n'est pas à négliger non plus. Une psychothérapie de groupe ne doit pas coûter plus cher qu'une psychothérapie individuelle. Si un surcoût est demandé, le patient doit interroger son thérapeute sur la raison de ce surcoût, vérifier aussi auprès de lui qu'il n'est pas astreint à un nombre obligatoire de séances et qu'il peut interrompre ce type de traitement à sa guise.

Le patient a tout intérêt à s'interroger également sur la réelle pertinence de thérapies groupales en milieu fermé durant trois, quatre ou cinq jours. Car, de l'aveu même des professionnels, ces types d'atelier, stage ou séminaire n'apportent pas forcément un grand bénéfice. D'ailleurs de nombreux thérapeutes finissent par ne plus y participer et par ne plus les proposer. Ces thérapies en milieu fermé et de courte durée fonctionnent beaucoup sur l'activation de l'illusion groupale, sorte de surinvestissement dû à la nature même de tout groupe et du renforcement très provisoire de l'Idéal du Moi collectif. Ces types de thérapie se sont développés par engouement mais leur valeur thérapeutique n'a jamais été scientifiquement démontrée. Certains patients y vivent même des compensations dans l'après-coup. La prudence s'impose donc.

Aucune raison clinique particulière ne peut être avancée pour privilégier un mode de thérapie groupale. Avant de donner suite à une sollicitation de ce type, en parler d'abord avec son médecin traitant. Au sein d'un groupe, les liens sont multiples et les enjeux différents. En tant que patient, il est plus difficile de se dégager d'un processus collectif que d'une relation duelle. Par ailleurs, un thérapeute déviant, maladroit ou incompétent peut y activer avec davantage de force la culpabilité, la honte et les blessures narcissiques des patients ainsi réunis.

Avant d'intégrer un groupe présenté comme thérapeutique, bien se renseigner sur les références du praticien. Que dit-on de sa pratique dans les milieux institutionnels ? Qui le recommande ? Un professionnel reconnu du domaine de la santé conseille-t-il ce type de thérapie ? Qu'est-ce qui guide le choix du patient ? Qu'attend-il de ce type de thérapie? Cette attente est-elle réaliste ? Si la finalité est de créer des liens, d'établir des contacts ou de nouer des relations, cette finalité n'est pas suffisante dans la mesure où, en principe, le praticien demande aux patients de ne pas se voir entre les séances de soins afin de préserver le cadre et la finalité thérapeutique des rencontres.

Il n'existe aucune étude digne de ce nom pour pouvoir définir si, comparées aux thérapies individuelles, les thérapies groupales sont intéressantes ou pas. Une chose est sûre cependant : la thérapie groupale rend le patient tributaire de l'ensemble des mouvements qui animent le groupe. Chacun devient dépendant dans sa démarche de celle de tous les autres. Cet aspect peut être stimulant comme il peut être très éprouvant.

Quand le thérapeute propose une thérapie groupale, le patient doit demander quelle en est la raison profonde dans son cas particulier. Vérifier la cohérence des arguments donnés. Vérifier si un surcoût va être imposé. Vérifier s'il y a un protocole d'arrêt particulier ou si la liberté d'interrompre la démarche est préservée. La prudence recommande d'en parler d'abord avec son médecin.

Si d'autres activités sont rattachées au rencontre de groupe, il ne s'agit plus de thérapie. Méditation, usage de produits variés à absorber ou à fumer, association de rituels, de pratiques diététiques, réflexions ou enseignements sur des sujets spirituels, philosophiques, propres à l'animateur… sont des adjuvants qui ne font pas partie du domaine de la santé mentale ou psychique.

Le bienfait des thérapies groupales n'est nullement prouvé. Leur processus est en partie fonction de l'animateur. En cas de dérapage, les effets sont souvent déstabilisants et difficiles à réparer. Donc pour toute thérapie de ce type, il importe d'être bien renseigné sur les résultats qu'obtient le praticien par des professionnels en mesure de garantir l'aspect cohérent du cadre.

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